Mon goût prononcé pour la lecture m’a toujours fait parcourir les rayons des librairies et des bibliothèques comme les allées d’une brocante. J’aime chiner les ouvrages neufs et d’occasion. J’abhore le diktat des ouvrages à lire absolument afin de pouvoir être estampillé de l’appellation contrôlée du lettré cultivé ! Mes choix littéraires ne sont donc dictés que par ma fantaisie, ma sensibilité du moment, mon désir de rencontre, ma soif d’ailleurs et mon amour incommensurable du verbe. Anarchie, indépendance, aléas des gondoles de librairies… cochez le vocable de votre choix, peu m’importe ! Au-delà de la lecture d’un texte, m’habitent toujours ces plaisirs mais aussi celui de la découverte d’un style, d’une personnalité et aussi souvent d’un CRI ! ABSURDE, n’est-ce pas celui d’ Alexeï KOURKOV dans Le pingouin suivi de Les pingouins n’ont jamais froid ?
Victor ZOLOTAREV, témoin passif d’un monde déboussolé où règne la loi du plus fort.
« D'ailleurs tous les mots essentiels ne comptent qu'une syllabe : vie, eau, pain. Ensuite viennent les choses moins cruciales : à deux syllabes : amour, chaleur, argent, bonheur. Plus on va vers le futile, plus les mots s'allongent. Victor eut un sourire goguenard à l'intention des termes compliqués qui lui traversaient l'esprit dans le désordre : humanisme, démocratie, constitutionnalité... »
Andreï Kourkov
MICHA le pingouin, métaphore de l’homo sovieticus, animal collectif .
« Le pingouin est un animal collectif. Dans un groupe, il existe comme un organisme. Quand vous essayez de séparer un pingouin de son groupe, il est désorienté. La même chose s'est passée en URSS. Tout était organisé par le Parti communiste, il fallait rester passif. Mais au début des années 90, la structure était cassée, les habitants étaient finalement dans la même situation que les pingouins ! » Andreï Kourkov
En conclusion, l’absurdité du monde et de la destinée humaine décrite avec dérision.
Considérez-vous la dérision comme une arme ?
« Comme une arme et comme un médicament pour les intellectuels.
Elle permet notamment de dire les choses qui vont mal.
Si l'on se tait, on devient pessimiste.
Pour rester optimiste, il faut être en colère ! »
Andreï Kourkov
Magazine Lire Juillet/Août 2004
UN PINGOUIN QUI N’EST PAS MANCHOT !