Bonjour Aaron, c’est la 1erfois que vous venez en Belgique ?
Simon : Ce n’est pas la 1ère fois que l’on vient mais ce fut surtout pour la promo.
Quelles sont vos impressions par rapport à Liège ?
Simon : Ecoute pour l’instant, on a été voir la scène et je trouve ça super sympa qu’il y aie des arbres au milieu du public, ça me fait triper. Ce sont des arbres gigantesques, je trouve ça très intéressant de faire de la musique au milieu de la « forêt », c’est pas mal comme sentiment.
A quoi peut–on s’attendre tout à l’heure ?
Simon : On ne le sait pas nous même, je pense que l’on veut juste être disponible pour recevoir et donner. C’est un truc très bizarre mais, malgré plusieurs concerts, c’est jamais la même chose, tu as beau proposer les mêmes chansons, je suis toujours fasciner, je ne sais pas à quoi m’attendre.
Alors aujourd’hui c’est votre premier concert en Belgique ? Comment vous vous sentez ?
Simon : A partir du moment ou l’on est invité, on est content d’être la. C’est la 1ère date à l’étranger même si c’est un pays très ami, proche et de même langue, c’est quand même l’étranger. C’est assez marrant de pouvoir voyager, jamais on aurais pensé en arriver la.
Au départ ce n’était pas forcément prévu de faire du long terme, c’est un succès un peu fulgurant ?
Simon : Au départ on faisait de la musique, juste de la musique. C’est vrai que par après, on n’aurait jamais pu prévoir que les choses tourneraient comme ça.
Olivier : À la base, on n’avait pas prévu de faire un album. C’est quand nous nous sommes retrouvé avec une dizaine de titres que l’on c’est dit « pourquoi ça ne dépasserai pas le cercle de nos amis et pourquoi pas faire un album ? » Et puis le film est sorti…
Et le rapprochement systématique avec le film, ça vous agace ?
Simon : C’est un peu fini maintenant, mais c’est vrai au départ, on n’avait très peur de ça avant de sortir l’album. On ne voulait pas être un single, on essayait d’être un groupe. Et en fait, on a été enchanté, à la sortie de l’album, de voir que les gens avait envie d’écouter le reste des chansons et pas seulement « Lily ». Mais c’est vrai qu’au départ, c’était génial, on a participé à un film, qui à la base, était un film d’auteur petit budget, et qui, au final, se retrouve avec un césar pour cannes, un césar pour Mélanie Laurent. Le film est distribué à l’étranger, nous il nous arrive ce qui nous arrive. Il n’y a pas plus beau comme histoire.
Olivier : Les deux projets n’étaient pas du tout voués à la base pour ça. Et puis faire un projet en anglais en France c’est pas toujours facile.
Vous faites de la musique plutôt mélancolique. Chaque chanson est une histoire, chaque histoire un fait que l’on peut considérer comme « grave ». Par la je veux surtout dire que vous parler de ruptures, d’amis qui sont tombés dans les paradis artificiels. Vos textes sont plutôt autobiographiques. Où se situent donc vos envies, vos désirs lorsque vous vous mettez à écrire ? Quelle est la chose essentielle à transmettre ?
Simon : En fait j’ai besoin d’écrire, mais pas forcément des chansons. Quand j’ai rencontré Olivier, c’était plutôt des textes, des poèmes, des rêves. Mais en tout cas, je sais que c’est nécessaire, et que ça me fait du bien. Après je ne pense pas que ce soit de la thérapie. C’est juste la sensation que l’on peut avoir par rapport aux choses et moi ça m’aide quand je prends quelque chose en pleine figure. Ca m’aide de pouvoir le retranscrire sur papier à ma façon. Ca me donne l’impression d’inverser un peu les choses. Ensuite, c’est de la réalité mais une réalité différente. Ici, nous sommes tous autour de la même table et nous n’avons pas le même angle de vue. On ne ressent pas la même chose par rapport à ce que l’on vient de vivre juste avant. C’est la réalité mais il y a toujours plusieurs réalités qui se côtoient.
Au niveau du nom de votre groupe « Aaron », j’ai lu que ça faisait principalement référence à l’imaginaire que possède chaque être humain. Mais Aaron, c’est aussi le frère de Moshé dans la bible et Aaron c’est aussi le nom de famille d’un Trompettiste de Jazz Américain (Albert Aarons). Donc ma question est : Avez-vous choisi le nom en fonction des initiales (Artificial Animal Riding on Neverland) ou Aaron a-t-il une référence autre ?
Simon : Non, au début, c’était Basquiat. A l’époque où nous nous sommes rencontrés, il y avait une expo de Basquiat, au musée de Bayonne à Paris. Basquiat c’est un peintre, je crois que c’est le seul qui m’a fait pleurer devant une toile. Je suis resté scotché. J’en ai parlé à olivier, ça ne faisait vraiment pas longtemps que l’on se connaissait, il avait vu aussi cette expo et on a commencé à triper la dessus. Et quand est venu le nom de l’album… c’est un peu mélangé, je t’avoue que je ne sais plus trop si on est parti du long nom ! (Hésitation) Mais je pense que le lien de base était Basquiat.
Olivier : je confirme, c’est vrai qu’après on s’est tapé un délire pour faire un acronyme mais même aujourd’hui je crois que tout ça est vraiment ouvert. On a changé des lettres, tout est interchangeable.
C’est plus un fantasme de journaliste alors, on aurait pu penser que Aaron était peut être un proche ?
Simon : Peut être aussi, moi j’aime bien mettre un peu de mystère.
Donc pour le prochain album, on recommence on prend le A, puis l’autre A .. ?
Simon : On sait pas on verra, tu sais on peut faire pleins de choses. Mais en même temps c’est la terre du Neverland donc ce n’est jamais fini, l’esprit est sans frontière, on peut faire ce qu’on veut, c’est ça qui est extraordinaire, ça n’a pas de fin. C’est ça qui nous fascine !
Donc vous envisagez ce second album ?
Simon : Ah mais bien sur ! Mais encore une fois, on envisage de continuer à faire de la musique. Il n’y a pas forcément une notion d’album, c’est faire de la musique ensemble avant tout. Mais la suite c’est de savoir ce que l’on a envie de faire.
En écoutant cet album, nous sommes ici dans un univers vraiment intimiste. On rentre vraiment dans votre monde, Simon, au niveau des textes. On peut entendre qu’ils sont en parfaites harmonies, grâce aux musiques qui les accompagnent. Ce qui leurs donnent une puissance, une gravité même sur certains morceaux. Ma question est : Vous n’avez pas peur, après cette album extrêmement bien équilibré, tellement juste dans l’émotion, de décevoir, par logique comparaison en cas de 2ème album ?
Simon : Quand tu fais quelque chose, quand tu es sur un terrain créatif, tu fais un peu les choses pour toi. On ne s’est jamais dis : » on va faire des chansons pour faire des chansons », on voulait parler de choses. Le second album, qu’il soit mauvais ou bon, si ça reprend au moins les choses que l’on avait envie de dire, tant pis si ça ne passe pas à la radio. On fait de la musique. Ca fait bien longtemps, pour moi, qu’un album qui passe à la radio ou qui cartonne n’est pas forcément de la bonne musique, surtout en 2007. Voila, on fait juste de la musique, et si ça ne marche pas, ça ne marche pas !
Olivier : Le but c’est d’imposer ce que l’on a à l’intérieur de nous, de faire passer nos émotions.
La musique pour le plaisir ?
Simon : Voila, si tu as une notion de commerce dans ta musique, t’es foutu. Tu fais une grenouille en 3d avec une bitte, le truc qui passe partout, et tu en vends des millions. C’est cool, tu as pleins de tunes et une piscine mais, voila, je ne suis pas un businessman.
Et aussi le plaisir de la scène, qu’est ce que vous retirer de la scène et du contact avec le publique ?
Simon : J’ai chanté pour la 1ère fois de toute ma vie le 14 mars, nous sommes au début du mois de juillet ! Tu comprends bien que tout ça est très nouveau pour moi. Je pense qu’il va me falloir au moins an et prendre un peu du recul pour voir ce que ça m’a fait. Pour l’instant, je ne comprends rien à ce qui m’arrive. Mais ça, c’est dans la vie en général, j’ai beaucoup de problème à me sentir légitime. Mais je te l’accorde, c’est complètement dingue d’avoir 10 000 personnes en face de soi.
On l’espère, on n’ose pas y penser ?
Simon : Moi je n’y ai jamais pensé, tout simplement parce qu’il y avait une sensation pas palpable pour moi. Au début, j’avais peur d’une chose, et heureusement que olivier était la, lorsque l’on a sorti l’album, les gens nous disaient : » bon maintenant, on vous attend au tournant, il va falloir défendre votre album sur scène ! ». Je ne comprenais pas, car s’il y a défense, il y a attaque et je n’avais pas du tout envie de me faire attaquer. J’avais l’impression que l’on allait être deux contre je ne sais pas combien, donc petit moment de flippe. Mais tu te rends compte, très vite, que les gens sont là pour se faire plaisir. Ils ne sont pas du tout là pour démolir. Tout le monde est dans la même ambiance, et, la magie de la chose, c’est qu’une longueur d’onde s’installe et il y a vraiment une sensation de compréhension, c’est assez magique ! Et je pense que c’est vraiment le seul métier qui peut permettre cette sensation.
Alors Olivier, vous avez fait partie du groupe Mass Hystéria, groupe de rock beaucoup plus engagé. Quelle a été, pour vous, la motivation de passer dans un univers totalement différent qu’est celui d’Aaron ?
Olivier : Même pendant les Mass, j’ai toujours fait des trucs beaucoup plus basés sur la mélodie. Simple fait d’avoir démarré par la musique classique et une dizaine d’années de piano puis de violon. Et je pense que c’est tout ça, tout ce passé, qui ressort aujourd’hui. Mais même quand je suis arrivé dans les Mass, malgré la dureté des grosses guitares, mon but était d’apporter un peu de douceur.
Simon : Maintenant, c’est la chose la plus fantastique dans la musique, c’est de pouvoir passer d’un univers à un autre, totalement différent. Si ça se trouve, nous ferons un album de hip hop d’ici deux ans ! (Rires).
Simon, au niveau de vos influences littéraires, qu’est ce qui vous a donné envie d’écrire ? Quels auteurs en particuliers ?
Simon : Je crois que Boris Vian m’a vraiment retourné la tête. En fait, il y a plusieurs bouquins qui sont des références pour moi comme « L’écumes des jours ». C’est vraiment quelque chose qui me correspond totalement, je peux me plonger dans ce livre sans aucune difficulté. Il y a aussi « Mr Vertigo » de Paul Auster, que je trouve complètement magique. Voila, ce sont des petites choses comme ça. Par après ce ne sont pas forcément des auteurs qui m’ont donné envie d’écrire. C’est comme pour la musique, je peux être inspiré par des films. Quand tu regardes « Arizona Dream » ou « Edouard aux mains d’argent », ce sont des films qui m’ont marqué.
Johnny Depp ?
Simon : C’est vrai que Johnny Depp est quand même un acteur géant ! Mais c’est vrai que tu peu être inspiré comme par la peinture quand je parlais de Basquiat. Ca peut repasser sur mon écriture. Comme avec Nina Simone ou Monsieur Brel de chez vous, qui m’a bien retourné la tête, des gens comme ça. Mais il n’y a pas un auteur en particulier. Ce n’est pas conscient. Quand on s’est vu avec Olivier, on ne s’est jamais dit que l’on allait faire un Album Rock, électro ou Hip hop.
Olivier : c’est vraiment tout ce que l’on a écouté depuis le début mais pas seulement la musique, un peintre, un film, le quotidien. Vous rentrez chez vous et vous composez en fonction des émotions.
Simon : Tout ce qui vous influences.
Et le choix des chansons et sa construction?
Simon : Tout l’album a été construit comme un train qui avance.
Vous faites les bruits avec ?
Simon : Oui, oui (Rires). Quand j’étais petit, j’ai toujours eu l’impression, quand l’on se retrouve dans un train couchettes, et qu’il commence à avancer, ça t’emmène, je ne sais pas pourquoi, ça ressemble aux battements du cœur, mais c’est dingue ! Tout l’album, je voulais qu’il se construise comme ça, des chansons ou l’on sent ce rythme, que ça chevauche un peu.
Ce soir vous allez montez sur scène avec un stress, une appréhension ?
Simon : tout ça à la fois !
Vous savez que le publique Belge est beaucoup plus difficile !
Simon : Allez, non ? (Étonné)
Olivier : Non pas du tout (Rassurant), mais ça va être court, seulement 40 minutes.
Et bien merci beaucoup d’avoir répondu à mes questions et bon concert.
Interview réalisée par Lemoine Gilles - [email protected]